L’Agence France Presse vient d’annoncer s’être équipé du logiciel Tungstène, capable d’identifier si une photo a été retouchée ou non. L’agence aurait utilisé ce logiciel afin de prouver que la photo du visage de Ben Laden mort, diffusée dans tous les médias en début de semaine, était truquée. Une avancée remarquable pour le photojournalisme.
Selon Juliette Collen pour l’AFP, ce logiciel de détection de photos retouchées, mis au point par Roger Cozien docteur en mathématiques, ancien expert en criminologie et fondateur de la compagnie eXo maKina, serait unique au monde.
Présenté l’année dernière à l’Assemblée nationale, Tungstène n’est pour le moment utilisé que par une direction du ministère de la Défense et par l’AFP. Très coûteux (une dizaine de millier d’euros), son utilisation est complexe et exige une formation. Selon Roger Cozien, la compagnie travaillerait sur une version grand public.
Le principal enjeu d’un tel logiciel est de réinvestir la confiance de tous envers les images. En ce qui concerne le journalisme, Tungstène permettra de distinguer l’authenticité d’une information contenue dans une photo ou non (la manipulation par l’image reste cependant toujours possible). Mais d’autres applications dans différents domaines sont également possibles, comme par exemple la reconnaissance du travail des photographes. Pour d’autres applications, voir l’article de Juliette Collen.
Voici un montage présentant l’effet du logiciel Tungstène (source : AFP), suivi du communiqué de presse de l’AFP :

L’AFP vient de se doter du logiciel Tungstène pour lutter contre la prolifération des photos retouchées. Face au déferlement d’images en provenance de sources tiers et d’amateurs témoins de l’actualité, l’Agence, parfois appelée à recevoir des documents produits par ces sources, renforce ainsi le contrôle de ses images, en se dotant d’un outil pouvant tracer les retouches et manipulations opérées.
L'AFP est la seule agence de presse mondiale à disposer de Tungstène. Ce logiciel de photo- interprétation hautement technologique permet de pénétrer dans l'intimité informatique des images numériques pour y détecter les manipulations potentielles. Il fonctionne grâce à un ensemble de filtres dont certains cherchent des incohérences au niveau des pixels de l'image et d'autres analysent la lumière et la couleur des photos.
L’Agence a formé au sein du département Photo un groupe de spécialistes capables d’utiliser et d’analyser les données transmises par ce logiciel. Lorsqu’un éditeur doute d’une image, il la transmet à l’un d’entre eux pour expertise. L’Agence a équipé ses centres régionaux de Washington, de Paris et de Hong-Kong.
L’AFP est reconnue pour l’excellence de ses photojournalistes et Tungstène a pour but de « préserver l’authenticité du travail des journalistes », a souligné Roger Cozien, créateur du progiciel et ancien expert en criminologie.
L’Agence a ainsi eu recours au progiciel Tungstène pour décrypter les manipulations intervenues sur une image de Ben Laden. Cette photo truquée prétendant montrer le visage ensanglanté et tuméfié d'Oussama Ben Laden, diffusée par des télévisions pakistanaises, a été largement reprise lundi par des télévisions du monde entier et des sites internet avant d'être retirée des antennes.
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