Le soutien d’Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat au Numérique, à la société Creads a mis le feu aux poudres. L’affaire remonte au 26 mai, alors que la secrétaire d’Etat visite les locaux de l’entreprise. Elle y déclare que «
Creads a un rôle d’exemplarité à jouer. Vous êtes la France qui gagne ». Problème : Cread est vu par de nombreux artistes comme un modèle d’exploitation des graphistes, incités à travailler sans rémunération sur des projets dans le seul but d’enrichir l’entreprise.
Ça coince du côté des associations, qui se fendent de lettres ouvertes demandant au gouvernement de clarifier sa position sur ce genre de pratiques. Designers, illustrateurs ou encore dirigeants expriment donc leur colère vis-à-vis de la publicité faite à ces sociétés. Ils dénoncent le détournement d’un système « créatif et non-lucratif », le crowdsourcing à des fins d’enrichissement.
Pour l’AFD, « la société Creads brouille délibérément les valeurs du partage à son unique profit. Creads gagne en ne rémunérant pas correctement les créatifs et en ne partageant pas à la juste valeur les revenus tirés de l’expertise des designers. Creads n’enrichit qu’elle-même, bafoue la propriété intellectuelle, produit de la concurrence déloyale et du dumping social pour les designers, qu’elle positionne au rang d’esclaves ».
Le crowdsourcing, concurrence déloyale et esclavagisme moderne
Plus que les paroles d’Axelle Lemaire, c’est bien le modèle économique de ce type d’entreprises qui est mis en cause. En effet, celles-ci pratiquent le crowdsourcing, c’est à dire l’appel au volontariat pour mettre en place et réaliser des projets. Dans le cas de Creads, il s’agit de répondre aux besoins de clients dans la conception de campagnes, de logos ou encore de brochures. Ses clients « bénéficient de la richesse artistique de notre communauté et [reçoivent] des dizaines de pistes créatives sur-mesure ».

« Le principe en est simple, mais pas moins délétère : à chaque client soumettant un projet en quelques consignes, ces plates-formes promettent des dizaines - sinon des centaines - de travaux réalisés sur mesure et livrés par autant d'intervenants. Le donneur d'ordre y fera librement son choix, quitte à exiger un nombre indéfini de retouches et modifications, puis seul le gagnant ou le tiercé de tête sera rémunéré à vil prix, tandis que la société intermédiaire elle, fera sa marge à chaque projet grâce à tous ces travaux gratuits qu'elle aura bel et bien vantés dans son offre ».
Plusieurs fois par le passé déjà, les graphistes ont montré les dents face à ce type de "services" offerts aux entreprises. Ils regrettent, encore une fois, que les créatifs soient en quelque sorte les dindons de la farce...