Il y a quelques semaines, un projet kickstarter voyait le jour, sous le nom d’Holovision et promettait d’offrir au grand public une technologie permettant de générer des hologrammes. Le blogueur Oliver Kreylos, développeur spécialisé dans les systèmes d’infographie 3D, s’est penché sur la technologie présentée, et dénonce l’arnaque qui se cache derrière ce projet.
L’hologramme, depuis son apparition dans les films de science-fiction, est une technologie qui fait rêver. Pour l'instant, toutes les représentations dites "holographiques" ont besoin d'un support écran et restent en 2D, même l'apparition de Tupac qui avait dechaîné les foules à Coachella. L’idée de pouvoir projeter dans l’air une image en 3 dimensions est un vieux fantasme de tout technophile qui se respecte, des espérances sur lesquelles il est facile de jouer pour engranger les billets verts sur le dos des plus naïfs.
C’est plus ou moins ce que dénonce le bloggeur Oliver Kreylos à propos du projet Kickstarter Holovision, aujourd’hui suspendu pour cause de « violation de copyright » et qui proposait de fournir au grand public un projecteur d'hologrammes. Ce type d’appareil, Oliver Kreylos tente de le développer depuis une vingtaine d’années : il s’intéresse en effet aux nouvelles technologies de visualisations en 3 dimensions. Vous avez peut-être déjà vu son visage dans cette vidéo : Oliver Kreylos est un des premiers à avoir piraté la Kinect de Microsoft pour en exploiter tout le potentiel.


Les images promotionnelles présentées par le projet Holovision. Oliver Kreylos les qualifie de mensonges éhontés.
Que proposait donc Holovision pour s’attirer ainsi les foudres d’un développeur aguerri ? Tout sauf un hologramme explique Oliver Kreylos. Il explique ainsi sur son blog que la technologie décrite par le brevet d’Holovision n’est rien de plus qu’une illusion d’optique n’ayant rien de vraiment novateur (il la compare notamment à ce type de produits), dont le résultat final n’est rien de plus qu’un écran LCD en 2D donnant l’illusion de flotter dans l’air grâce à un système de miroirs. Il explique ainsi que dans le brevet d’Holovision, le terme 3D ne fait pas référence à un objet en 3D projeté dans l’air mais à un objet 3D projeté sur une surface en 2D, le tout « amélioré » pour donner une illusion de profondeur grâce à des effets de flou. Une simple illusion d’optique...

Un schéma réalisé par Oliver Kreylos pour expliquer l'impossibilité pour un projecteur holographique de diffuser des images plus grandes que sa propre taille.
Qu’est-ce que tout cela implique ? Que beaucoup des promesses avancées par le Kickstarter, notamment la possibilité de projeter des images de très grande taille en 3 dimensions ne sont pas réalisables : l’image projetée est en effet dépendante de l’écran LCD situé à l’intérieur de la machine. Pour une image projetée de 1,80m, il vous faudra un écran de la même taille, une précision apparemment absente du projet Kickstarter tel qu’il a été présenté au public.
Dans deux longs posts de blog, Oliver Kreylos explique donc avec précision la réalité qui se cache derrière le projet Kickstarter Holovision. Il en profite également pour présenter rapidement l’état de l’art dans le domaine de la projection 3D, montrant ainsi que le projet d’Holovision n’est rien de plus qu’une illusion d’optique vendue avec brio par une équipe qui évite avec prudence d’annoncer précisément ce sur quoi repose leur technologie. Si dans le premier post de blog, l’auteur reste prudent et se contente de rappeler le caractère fantasque des images et des promesses marketing, le second se penche plus en détail sur le brevet et présente assez clairement la façon dont l’appareil était censé fonctionner.
Une affaire qui risque d’en rester là, la page du Kickstarter ayant été suspendue pour une violation de copyright, mais qui a le mérite de mettre en lumière à la fois les limitations du crowdfunding par rapport à des nouvelles technologies que le grand public maîtrise encore mal et l’état de la recherche dans le domaine de la visualisation 3D.