L’artiste Nicolas Maigret et le développeur Brendan Howell présentaient leur installation The Pirate Cinema au Sight + Sound Festival à Montréal. En prélevant quelques images aux fichiers transférés en temps réel sur les réseaux bitorrents, The Pirate Cinema donne un bref aperçu visuel de ces échanges non-marchands qui font tant frémir Hollywood.
Si vous pouviez visualiser en un instant les images de tous les films les plus échangés sur BitTorrent, que verriez-vous ? C’est plus ou moins la question que se sont posés le français Nicolas Maigret et l’américain Brendan Howell. L’installation The Pirate Cinema est une tentative de réponse à cette question. Sur trois écrans sont diffusés des extraits extrêmement courts de films. Ces images proviennent des films les plus partagés sur le site The Pirate Bay, et sont chaque fois réactualisées pour être quasiment en temps réel. L’ambition des créateurs est d’offrir au spectateur un aperçu de la géographie secrète des échanges en peer-to-peer.
The Pirate Cinema peut être mis en place comme une simple installation vidéo, laissant au spectateur son état passif, mais il peut aussi devenir interactif, en laissant à l’utilisateur le choix des films téléchargés et la façon dont ceux-ci vont être projetés.
En haut de chaque écran sont d’ailleurs indiquées les données de transfert de ces images, incluant l’adresse IP des émetteurs et récepteurs, ainsi que leurs géolocalisation. Le résultat final est pour le moins chaotique, et l’installation fait beaucoup penser au glitch art, cette tendance qui consiste à travailler sur les erreurs et bugs des ordinateurs dans un but purement artistique ou esthétique.
Mais tout ceci est-il bien légal ? Dans une interview donnée à Wired, les créateurs de The Pirate Cinema expliquent qu’ils ont également pris en compte cette problématique : « Notre système est présent sur un nombre important de transferts, il serait simple pour une autorité de répression des abus du copyright de nous repérer ». Un risque que les salles d’exposition ne peuvent courir. Mais en passant par le service de VPN IPredator, les deux artistes semblent avoir trouvé la parade, pour eux autant que pour les lieux acceptant d’héberger leur installation.