Une industrie qui négocie mal sa transition vers le numérique.
L’industrie du disque fait partie des secteurs ayant le plus souffert de la révolution numérique et d’Internet. Au début des années 2000, des services comme Napster et eMule ont fait trembler les majors et maisons de disques, terrifiées à l’idée de voir les œuvres de leurs artistes librement partagées et échangées par tous les utilisateurs ayant un accès à Internet. Un choc qui fut finalement salvateur puisque l’apparition du piratage et sa généralisation grâce à Internet a fait prendre conscience de l’importance d’une offre légale et d’une alternative viable au piratage pour les utilisateurs qui souhaitaient se procurer leur musique sous forme dématérialisée.
En l’espace d’une dizaine d’années, les sources de revenus se sont donc fragmentées : là où, auparavant, l’essentiel des ventes provenait de la vente physique d’albums et des radios, aujourd’hui de nouveaux modèles de diffusion et de vente en ligne viennent largement complexifier l’ensemble du système. Un petit GIF valant mieux qu’un long discours, le site Digital News a cherché à compiler les chiffres fournis par la RIAA, l’association représentant les intérêts des maisons de disque américaines, sur les différentes sources de revenus de l’industrie du disque. Nous avions déjà parlé de celui-ci dans une news précédente et nous réitérons ici notre avertissement : ces chiffres proviennent d’un organisme qui n’est absolument pas objectif par rapport au débat. À prendre avec des pincettes donc, mais l’image reste très parlante et illustre à merveille la fragmentation du marché de la musique au tournant des années 2000.

Ces chiffres concernent évidemment avant tout le marché nord américain, mais on imagine sans trop de souci que la situation est sensiblement la même un peu partout dans le monde. Les degrés sont évidemment différents en fonction des pays, mais pour les maisons de disque et les artistes, le problème reste inchangé : le marché change en profondeur et personne n’a de solution miracle pour s’en sortir.
Le marché change, mais les lois restent. La popularisation du numérique a eu un autre effet inattendu : celui de réduire la nécessité d’intermédiaires entre l’artiste et son public. Si, au début du siècle dernier, il pouvait sembler logique de différencier légalement l’artiste de son producteur, le producteur de l’éditeur et le label de tous les autres, aujourd’hui, ces rôles se mélangent et se recoupent, voire sont rendus obsolètes et le mythe de l’artiste autoproduit qui s’enregistre seul dans sa cuisine avant de sortir lui-même son album sans l’aide de personne est aujourd’hui réel. Ce ne sera sûrement pas le meilleur chemin pour devenir riche à millions, mais cela reste possible.