Pour doper CV et portfolios de leurs élèves, les meilleures
écoles françaises de graphisme et de design n'hésitent
pas à les « délocaliser » à l'étranger. Gérard Vallin,
directeur-adjoint et responsable des échanges de l'Esag-
Penninghen, et Elisabeth Lafay, responsable des relations
internationales de l'École Estienne, à Paris, expliquent
comment procèdent leurs structures respectives.

L' une est privée et payante,
l'autre publique et gratuite.
« Les différences de statut
entre l'ESAG-Penninghen et
l'École Estienne influent inévitablement
sur leurs moyens
et leurs manières de conduire leurs échanges internationaux
», pose d'entrée Elisabeth Lafay, « mais
nous travaillons en étroite collaboration ». Et s'organisent
toutes deux avec un même souci d'exigence
et d'excellence. Facultatif dans les premières années
de formation, le stage ou l'échange en dehors
des frontières est obligatoire en 4ème année pour
les élèves d'Estienne et très fortement recommandé
pour leurs homologues de Penninghen. Selon
Gérard Vallin, les réfractaires à l'exil volontaire sont
plus que minoritaires dans son établissement.
Des partenariats
avantageux
Pour favoriser ces politiques volontaristes, les
deux écoles s'appuient sur le réseau Cumulus (lire
encadré) dont les ramifications relient les plus
prestigieuses structures dans le domaine de l'enseignement
des arts appliqués. Les accords négociés
permettent aux élèves de bénéficier de
conditions extrêmement favorables. Ainsi pour
partir aux Etats-Unis, seuls les frais de vie restent
à la charge de l'étudiant, les énormes coûts de scolarité (50 000 dollars annuels pour la Rhode
Island School of Design, lire témoignages) étant
pris en charge par la convention d'échange.
L'Est a le vent en poupe
Si Penninghen exporte plus facilement ses élèves
hors d'Europe notamment en Amérique du Nord et
en Asie, Estienne travaille surtout avec le programme
Erasmus. « Les partants sont exonérés de
frais d'inscriptions et ils perçoivent une bourse européenne
qui peut être complétée par l'école selon la
destination », indique Elisabeth Lafay. Les pays
anglo-saxons attirent sans peine les volontaires
désireux de perfectionner leur maîtrise de la langue
mais les coûts de la vie étudiante, notamment au
Royaume-Uni, ont tôt fait de les décourager. Grands
vainqueurs du moment : les pays de l'Europe de
l'Est, Pologne, Hongrie et les pays baltes en premier
lieu. Leurs atouts : un dynamisme sans faille, une
forte culture design, une motivation exceptionnelle
pour les projets européens, un coût de la vie faible
et souvent un excellent niveau d'anglais.

Une immersion longue
durée
Si les étudiants d'Estienne partent relativement
moins loin, ils partent aussi moins longtemps,
entre 3 et 6 mois contre 3 mois à 1 an pour les
expatriés de l'ESAG. Outre l'argument financier, il
s'agit surtout d'un problème d'intégration dans le cursus universitaire.

L'ESAG permet à certains de
ses élèves de s'éloigner hors Union Européenne
jusqu'à douze mois mais ceux-ci doivent reprendre
leur cursus là où ils l'ont abandonné, validation
des ECTS oblige. Des contraintes qui n'empêchent
pas une complète immersion dans un bain scolaire
et culturel inconnu, facteur essentiel de la
réussite des échanges.